Tradwife

Le mouvement Tradwife (abréviation de Traditional Wife, épouse traditionnelle) est un mouvement prônant le retour d'un rôle de la femme mariée comme femme au foyer. Le mouvement encourage les femmes à dédier leurs vies à leurs familles et leurs enfants, une tendance à l'opposé de celles du féminisme actuel.

Publicité pour un réfrigérateur du Ladies' Home Journal (1948) qui représente le style de vie idéalisé par de nombreuses Tradwives.

Historique

Même si des femmes au foyer "traditionnelles" ont existé à toutes les époques, le mouvement désigné à proprement parler sous le terme de Tradwife a été créé au XXIe siècle par des femmes[1]. Les premières femmes se désignant sous le terme Tradwife sont apparues en Angleterre, rapidement suivies aux États-Unis dans la décennie 2010. Durant les années suivantes le mouvement émergea aussi dans des pays tels que l’Allemagne, la France, le Brésil et le Japon[1],[2]. Son succès a nettement augmenté à partir des années 2020 en raison des confinements résultant de la pandémie de Covid-19 qui ont conduit de nombreux ménages à rester à la maison, certains rejoignant par la suite le mouvement, ce que l’analyste Violette Soyez décrit comme « un véritable boom envers le mouvement tradwife »[1].

Le mouvement a pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux, où plusieurs « influenceuses » se sont positionnées sur le sujet. La plus connue est Alena Kate Pettit, qui a notamment créé une « femininity finishing school » au format de vlog sur le sujet[3]. À notre époque, selon la journaliste Juliette Gour, « il semblerait que les Tradwives soient de plus en plus nombreuses, en Europe, aux USA et même en Asie »[4].

Caractéristiques

La base idéologique du mouvement est d'origine conservatrice[5], ses partisans prônant le respect de la famille nucléaire, soit un couple homme-femme et des enfants, et un retour de la position de la femme à celle des années 1950-1960, allant jusqu'à s'habiller avec des vêtements de l'époque[6]. L'identité de la Tradwife est d'être une épouse au foyer ou une mère au foyer, de rester principalement à la maison, de s’occuper de sa famille, d'élever ses enfants et de tenir impeccablement son intérieur[7]. Les tâches culinaires et ménagères font ainsi partie de leurs occupations privilégiées, ainsi que l’art de recevoir et souvent la couture[8].

L’ouvrage de référence décrivant le mode de vie adopté par les Tradwives est "Fascinating Womanhood", écrit en 1963 par l’Américaine Helen Andelin[1], qui a connu à ce jour six éditions et qui s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires[7]. Les membres du mouvement se revendiquent "féminines, pas féministes" et expliquent « qu’être une femme douce ne veut pas dire être une femme faible »[9]. Elles considèrent que pour qu’un mariage soit heureux et dure dans le temps, cultiver sa féminité dans la manière de se comporter et de s'habiller est essentiel[8]. Certaines Tradwives proposent ainsi des cours de cuisine, d’apprentissage du bon entretien de la maison, des conseils vestimentaires et des conseils beauté, ou encore des recommandations pour rendre son mari heureux[1].

Une partie des Tradwives, à l’image de l’Américaine Estee Williams, attachent un grand soin à leur esthétique vestimentaire et s’inspirent de l’apparence des pin-ups des années 1950 et de Marilyn Monroe, avec des jupes plissées, des robes corsetées, des décolletés, et en cuisine des tabliers à froufrous[7],[9]. Une autre partie des Tradwives s’inspirent de leur côté de l’esthétique du début du XXe siècle, avec principalement des robes longues couvrantes et sans décolletés, une mouvance vestimentaire désignée en anglais sous le terme de "modest fashion". Le port quasi-exclusif de robes ou de jupes et l’absence de pantalons dans leur vestiaire est en commun à presque toutes les Tradwives, la Française Hanna Gas ayant même créé une ligne de vêtements féminins entièrement dépourvue de pantalons[10].

Conflit avec les mouvements féministes

Le mouvement a suscité des critiques de la part des mouvements féministes, arguant que la position de la femme à cette époque n'était guère enviable, et que prôner la soumission de la femme va à l'encontre des combats féministes récents[6]. Certaines tradwives telles la Britannique Alena Kate Pettitt assument en effet pleinement le côté submissif du mouvement, allant jusqu'à affirmer à la BBC « Je veux me soumettre, garder la maison et gâter mon mari comme en 1959 »[6]. Certaines positions des partisans du mode de vie Tradwife peuvent revêtir un caractère homophobe, par exemple des leçons de présentation féminine pour« apprendre à ne pas s’habiller d’une façon qui pourrait être considérée comme lesbienne »[11],[12].

Même si le mouvement date des années 2010, le concept d'un retour au traditionalisme en réponse aux avancées féministes est une idée ancienne, utilisant souvent des arguments perçus comme vrais mais ne correspondant pas à la réalité[pas clair], un sujet abordé dans le livre Backlash de Susan Faludi[13].

Les adeptes du mouvement Tradwife estiment cependant ne pas se reconnaître dans les combats féministes, estimant que leur désir est de combler ceux de leur mari, de tenir la maison et d'élever une famille[6]. Elles sont en désaccord profond avec les combats féministes actuels, la militante tradwife Forsyth allant jusqu'à dire à leur sujet : « Merci pour les pantalons, mais on voit les choses d'une autre manière. »[12].

Influenceuses Tradwives

Notes et références

  1. « Le mouvement « tradwife » : le retour en arrière privilégié ? », sur couplesfamilles.be, (consulté le )
  2. « Tradwife : un mouvement lifestyle qui fait parler de lui », sur mamanvogue.fr/, (consulté le )
  3. Jessica Rach, « What is the tradwife trend sweping households », sur Mail Online, (consulté le )
  4. « Qui sont ces 'tradwifes' qui prônent un retour aux années 50 sur Instagram ? », sur Les Éclaireuses, (consulté le )
  5. « « Tradwives » : quelle est cette tendance conservatrice sur la vie de couple ? », sur Grazia, (consulté le )
  6. « Le mot du jour. “Tradwife” : ces femmes qui prônent le retour de la femme au foyer traditionnelle », sur Courrier international, (consulté le )
  7. « Tradwife, le retour de la femme au foyer ? », sur Radio France, (consulté le )
  8. Lara Tchekov, « Robe, brushing et gâteaux : « Tradwife », la vie rêvée des femmes au foyer », sur Le Point, (consulté le )
  9. Marie Dupin, « "Tradwife" : le mouvement qui prône un retour au modèle des femmes au foyer des années 50 », sur France Info, (consulté le )
  10. Annabelle De Cazanove, « «Je mets les désirs de mon mari avant les miens» : les tradwives, le mouvement ultraconservateur qui prône le retour de la femme au foyer », sur Madame Figaro, (consulté le )
  11. Pauline Berger, « "Tradwives" : de quoi s'agit-il ? Dossier de la rédaction », sur Le Petit Journal, (consulté le )
  12. (en) Sally Howard, « Tradwives UK: inside the controversial housewife movement », sur Stylist, (consulté le )
  13. Faludi, Susan. (trad. de l'anglais), Backlash : la guerre froide contre les femmes, Paris, Des femmes Centre national des lettres., , 746 p. (ISBN 2-7210-0448-4 et 978-2-7210-0448-2, OCLC 300652939, lire en ligne)
  14. « #TradWife : tendance réac' et antiféministe des "femmes au foyer parfaites" », sur www.journaldesfemmes.fr (consulté le )
  15. « Nous avons rencontré des "tradwives", fières d'être femmes au foyer et dévouées à leur conjoint », sur fr.style.yahoo.com, (consulté le )
  16. StreetPress, « Le virage « tradwife » de Thaïs d’Escufon », sur StreetPress (consulté le )

Voir aussi

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