Siège de Carmona (763)

Le siège de Carmona a lieu en Espagne, en 763, et oppose l'Émirat omeyyade de Cordoue à une armée d'invasion Abbasside. Cette bataille consolide l'indépendance d'Al-Andalus dirigée par la dynastie Omeyyade face au Califat Abbasside.

Contexte

Al-Alā ibn Mughīth (arabe : الأعلى بن مغيث), appelé diversement al-Yaḥṣubī, al-Ḥaḍramī ou al-Judhāmī[1], est le gouverneur d'al-Andalus nommé par les Abbassides en opposition à la dynastie des Omeyyades de Cordoue en 763.

Les chroniques ne sont pas d'accord sur les origines d'al-Alā ibn Mughīth. Les Fatḥ al-Andalus, Ibn al-Athīr, al-Nuwayrī et al-Maḳḳarī affirment qu'il est originaire d' Ifriqiya (Tunisie) et envoyé en Espagne par le calife Abbasside al-Manṣūr. D'autre part, les Akhbār majmūʿa, Ibn al-Ḳūṭiyya et Ibn ʿIdhārī affirment qu'il est originaire de Beja dans le sud-ouest d'al- Andalus, où il occupe le poste local de « riyāsa » (direction politique et militaire) [1]. L'historien Roger Collins penche pour l'idée qu'il est un étranger envoyé par le calife [2]. Maribel Fierro est d'avis que les chroniques ultérieures confondent Ibn Mughīth avec son successeur, lui concoctant ainsi une origine africaine [1].

Al-ʿAlāʾ ibn Mughīth installe son gouvernement en 763 à Beja, où il a le soutien du jund égyptien local (division de l'armée arabe). Bien que l'historiographie islamique et bien d'autres historiographies modernes traitent cet événement comme une rébellion interne contre les Omeyyades ; il est plutôt considéré comme un conflit d'autorité légitime entre deux lignées califales rivales. Le succès temporaire d'Ibn Mughīth est la preuve qu'il existe un soutien à la revendication Abbasside en al-Andalus.

Bataille

L'émir omeyyade Abd al-Raḥmān Ier évite une bataille rangée avec son rival et abandonne même sa capitale, Cordoue, pour la forteresse de Carmona. Al-Alā ibn Mughīth assiége la ville pendant deux mois, ce qui suggère que les forces dont dispose Abd al-Raḥmān Ier ne sont pas importantes. De nombreux dirigeants andalous doivent attendre le résultat du conflit avant de décider quel camp soutenir [2]. Le jund syrien de Séville, qui compte des membres Yaḥṣubī, est peut-être passé du côté de Ibn Mughith. Selon l'Akhbār majmūa, le jund palestinien sous Ghiyāth ibn Alḳama al-Lakhmī marche depuis Sidonia pour rejoindre le siège mais est intercepté par une armée dirigée par Badr, un affranchi d'Abd al-Raḥmān, qui négocie son retrait [1].

Le siège se termine lorsqu'une sortie opportune des défenseurs prend les assiégeants au dépourvu. Ibn Mughīth et les autres dirigeants Abbassides sont tués dans les combats. Sa tête est secrètement envoyée à Kairouan en guise d'avertissement aux autres futurs gouverneurs Abbassides. Certaines sources l'envoient, de manière moins plausible, à La Mecque [2].

Conséquences

Après avoir reçu la preuve de la défaite d'al-Ala en al-Andalus, al-Mansur aurait haleté : « Dieu soit loué d'avoir placé une mer entre nous ! »[3]. Al-Mansur déteste, et pourtant apparemment respecte Abd al-Rahman à un tel degré qu'il le surnomme le « Faucon de Quraysh » (les Omeyyades étant issus d'une branche de la tribu Quraysh)[4].

Malgré une victoire aussi éclatante, Abd al-Rahman doit continuellement réprimer les rébellions en al-Andalus[5]. Diverses tribus arabes et berbères se battent pour le pouvoir, certaines villes tentent de faire sécession, et même des membres de la famille d'Abd al-Rahman tentent de le renverser. Au cours d'une grande révolte, les dissidents tentent même de marcher sur Cordoue. Cependant, Abd al-Rahman Ier réussi toujours à écraser toute opposition en traitant sévèrement les dissidents en al-Andalus[6].

Notes et références

  1. E. Manzano Moreno, « L'implantation et les organisations des Junds syriens à al-Andalus », dans Manuela Marin (éd.), « La formation d'al-Andalus, partie 1 : histoire et société » (Ashgate, 1998), pp. 85-114.
  2. R. Collins, The Arab Conquest of Spain, 710-797 (Basil Blackwell, 1989), pp. 135-36.
  3. Ahmed ibn Muhammad al-Maqqari, L'Histoire de les dynasties mahométanes en Espagne, p. 81
  4. Ahmed ibn Muhammad al-Maqqari, L'histoire des dynasties mahométanes en Espagne. p. 82
  5. W. Montgomery Watt. « Enquêtes islamiques 4 : Une histoire de l'Espagne islamique ». (Édimbourg ; Edinburgh University Press, 1965), p. 32
  6. Thomas F. Glick. "L'Espagne islamique et chrétienne au haut Moyen Âge". (Princeton, Princeton University Press), p. 38
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