Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga

Joseph Sarda, né Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga et dit Sarda-Garriga, fils de Gaudéric Sarda et de Marie Garriga[1], né le à Pézilla-la-Rivière (Pyrénées-Orientales)[2] et mort le à Mesnil-sur-l'Estrée (Eure)[3], était un administrateur colonial français.

Biographie

Sa famille est modeste, son père est berger au mas de Blanes à Pézilla-la-Rivière, et le père de sa mère est également berger. Mais Jean-Antoine Arnaud, le propriétaire du Mas de Blanes, le prend sous son aile, et lui permet de faire des études au Lycée de Perpignan. Il en fait son légataire universel, en 1816, quand il meurt. Joseph hérite d'une maison à Perpignan et de terrains dans la Salanque[4]. Après ses études à Paris, le jeune homme s'engage dans l'administration des Finances sous la Monarchie de Juillet mais affirme ses idées républicaines. Il est arrêté le 29 juillet 1833 pour complot contre la sûreté de l'état et sera emprisonné pendant 3 mois à la prison de La Force, prison Sainte-Pélagie puis la Conciergerie. Il sera acquitté en octobre[5].

En 1841, il épouse Ève Louise Poncelet de Mauvoir, veuve du vicomte de Lodin, avec qui il aura un enfant.

En 1848, Victor Schœlcher, membre du gouvernement provisoire, le nomme commissaire général de la République à La Réunion pour y mettre en application le décret de l'abolition de l'esclavage. Le fait qu'il soit ami d'Étienne Arago, frère de François alors ministre de la marine, n'est pas pour rien dans cette nomination[6].

Il arrive à La Réunion, le 13 octobre 1848. L’Assemblée des propriétaires du Nord de l'île lui demande de reporter l’application du décret à la fin de la campagne sucrière. Sarda-Garriga refuse et promulgue le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848 le 18 octobre [7]. Le 22 octobre, les membres de l’Assemblée se séparent sans manifester de résistance. Le 24 octobre , Sarda-Garriga reçoit une délégation d’esclaves et rend obligatoire pour tout affranchi la possession d’un contrat de travail.

De la mi-novembre à la mi-décembre, il entreprend une tournée d’explication dans l’île, en vue de rassurer maîtres et esclaves et d’exhorter la population au calme et au travail. Menant à bien sa mission, il décrète l’abolition de l’esclavage le 20  décembre devant la préfecture de Saint-Denis.

Sarda-Garriga autorise l'immigration de travailleurs étrangers, suite à l'abandon de travail des affranchis, seulement s'il y a une insuffisance de travailleurs nationaux[8].

Le , il épouse en secondes noces Mme Clément, veuve du directeur des Monnaies de Paris.

Relevé de ses fonctions, il quitte La Réunion le à bord de la frégate « La Reine blanche ».

En décembre 1851, il est désigné comme commissaire général de la Guyane. Opposé à la politique de Napoléon III, il rentre en France au début de 1853 et s'installe à Mesnil-sur-l'Estrée dans l'Eure où il possède, grâce à deux réunionnais le gouverneur Delisle et Rontaunay un riche armateur[5], le prieuré d’Heudreville[9]. Étant un mauvais gestionnaire, sa propriété est cédée aux créanciers ce qui le rend fou de rage au point de décéder d'une crise cardiaque[5].

Il est décoré de la Légion d'honneur en 1852.

Sa tombe est toujours visible dans le petit cimetière du Mesnil-sur-l'Estrée (Eure).

Postérité

Depuis 1946, la place du Maréchal-Pétain, anciennement esplanade du Barachois, a été renommée place Sarda Garriga[10],[11].

En 1977, Michel Admette écrit et sort un séga intitulé Sarda Garriga[12].

En 2003, une association nommée l'association les amis réunionnais de Sarda Garrica est créée pour faire acte de mémoire[5].

Controverses

Dans son discours de procamation de la fin de l'esclavage, Sarda Garriga dit « vous êtes libres. Tous égaux devant la loi, vous n'avez autour de vous que des frères. ». Mais, les affranchis ont l'obligation par un contrat de travail de retourner chez les anciens maître sinon ils sont considérés comme des vagabonds et jetés en prison. Cet évènement est mis en musique par Ziskakan dans la chanson Oté Sarda toué la roule anou[13].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Benjamin Laroche, Histoire de l'abolition de l'esclavage dans les colonies francaises, Paris, Victor Lecou, , 95 p. (OCLC 681178066), « M. Sarda Garriga, du 13 octobre 1848 au 8 mars 1850 »
  • Jacques Denizet, Académie de la Réunion (préf. Dr Serge Ycard), Sarda Garriga, Saint-Denis (Réunion), Editions CNH, coll. « Les Cahiers de notre histoire », , 192 p. (OCLC 1400697056, BNF 35554904, LCCN 91182781, lire en ligne)
  • David Huet, La longue marche vers la liberté : Sarda Garriga, Saint-André (Réunion), Azalées Editions, , 103 p. (ISBN 9782915923056, OCLC 74282044, BNF 40183341)
  • Jean-François Samlong, Il était une fois... Sarda-Garriga, Éditions Jacaranda, coll. « Dossiers de l'histoire de la Réunion », , 47 p. (ISBN 9782904470301, OCLC 1002692311, BNF 42028774)

Liens externes

Notes et références

  1. Autorité BnF
  2. Dossier de Légion d'honneur de Sarda Garriga
  3. Biographie sur pyreneescatalanes.free.fr
  4. Jacques Denizet, Sarda Garriga, L'Homme qui avait foi en l'Homme ; sous l'égide de l'Académie de la Réunion ; [préface par le Dr Serge Ycard], (lire en ligne)
  5. « Sarda Garriga, un peu oublié des Réunionnais et de nos édiles », sur Zinfos974, (consulté le )
  6. Denis Dupont, « Sarda-Garriga libérateur des esclaves de la Réunion », sur L'indépendant, (consulté le )
  7. « Célébrations de l'abolition de l'esclavage : Pourquoi des dates de commémoration différentes en France et dans les départements d’outre-mer ? », sur Portail esclavage Réunion (consulté le )
  8. « Note signée de Sarda Garriga », sur ANOM (consulté le )
  9. « Qui est Sarda Garriga, le libérateur des 63 000 esclaves de La Réunion ? », sur La 1ère, (consulté le )
  10. Commission des finances et du contrôle budgétaire, France Assemblée nationale constituante (1945-1946), Annales. Débats, (OCLC 6232285), p. 785
  11. « 20 décembre 1948 : L’esclavage fait partie intégrante de notre histoire », La victoire du respect d’un principe : la liberté [PDF], sur Témoignages.re, (consulté le )
  12. (en) « Sarda Garriga / Marie-Ange », sur Discogs
  13. « Ça s'est passé un 8 septembre : 1877 - Mort de Sarda-Garriga, l'homme qui avait annoncé l'abolition de l'esclavage », sur Imazpress,
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