Sahaba el-Rehmania

Sahaba el-Rehmania (en arabe : صحابة الرحمانية) est l'épouse du sultan marocain de la dynastie des Saadiens Mohammed ech-Cheikh et la mère d'Abu Marwan Abd al-Malik[1],[2]. Douée en diplomatie, elle tint un rôle politique de premier plan durant sa vie entière. Elle fut ambassadrice auprès de l’Empire ottoman à la cour du sultan Mourad III.

Biographie

Sahaba est originaire de la tribu des Rehmana[3], une tribu Hassan[3]. Sa tribu est alliée des Saadiens et, en 1525[4], ils participent à l’attaque de la forteresse portugaise de Santa Cruz, à Agadir[4]. Elle épouse Mohammed ech-Cheikh vers 1528.

En 1557, à l’accession au trône d’Abdallah el-Ghalib, une partie de sa famille dont ses frères issus de ses deux belles-mères Sahaba et Lalla Messaouda s’exilent, craignant pour leur vie[5]. Cet exil dura dix-huit ans[5]. Sahaba et les princes saadiens s’exilèrent d’abord à Tlemcen[1] avant d’atteindre Alger qui faisait alors partie de l’Empire ottoman[1]. Durant leur exil dans plusieurs villes de l’Empire ottoman, Sahaba el-Rehmania a veillé à ce que les deux frères Abd al-Malik, âgé d’à peine quinze ans, et Ahmed, son demi-frère cadet, complètent leur éducation[5]. Puis elle a veillé à ce qu’ils s’intègrent dans la cour ottomane[5], sans pour autant oublier leur héritage et leur histoire politique personnelle[5].  Quand Abdallah el-Ghalib mourut en 1574, son fils Muhammad al-Mutawakkil monta sur le trône. Or, selon le plan de succession élaboré par Mohammed ech-Cheikh[5], c’est le demi-frère d’Abdallah el-Ghalib, Abdelmalik fils de Sahaba, qui aurait dû monter sur le trône[5].

Avec son fils elle conçut le projet d’aller chercher une alliance politique et du soutien militaire pour reprendre le pouvoir qui leur est dû. Sahaba et Abdelmalik se rendirent à Istanbul[1],[6] pour s’adresser au sultan ottoman, Mourad III[1] nouvellement monté sur le trône. En effet, Sahaba est une amie de Nurbanu Sultan[7], la veuve de Sélim II et la mère du sultan Mourad III. Abdelmalik insista vivement auprès de ce souverain pour obtenir que celui-ci mette à sa disposition une armée turque avec laquelle il irait au Maroc dépouiller son neveu de la couronne[1]. Mourad III accueillit avec colère cette proposition et refusa de favoriser un tel dessein[1]. Cependant Sahaba et son fils Abdelmalik demeurèrent dans la capitale ottomane jusqu’à trouver une issue à ce problème[1]. Une solution se présenta rapidement, puisque cette même année, en 1574, le sultan ottoman lutte contre les occupants espagnols pour reprendre le contrôle de la Tunisie. Il envoie des missives à ses gouverneurs à Alger et à Tripoli leur ordonnant de dépêcher des navires qui pourraient le soutenir dans ce conflit[5]. Les deux frères saadiens Abdelmalik et Ahmed décident eux aussi de participer à l’opération défensive du sultan en dirigeant l’un des navires sortant d’Alger[5]. La Tunisie sera reconquise et Sahaba sera la première mise au courant de la victoire contre les espagnoles[5] et sera à son tour la première à annoncer cette victoire au sultan ottoman[5]. Fine diplomate, en apportant le message de la victoire sur les espagnoles à laquelle à contribué son fils[5], demande simultanément à ce dernier d’apporter son appui à Abdelmalik dans sa lutte pour le pouvoir contre al-Moutawakkil[5]. Sans hésiter, cette fois-ci, le sultan ottoman ordonne à son gouverneur d’Alger d’équiper Abdelmalek en hommes et chevaux[5],[8].

Le sultan ayant accédé à cette requête, Sahaba, accompagnée de son fils Abdelmalik, se rendit à Alger[8] où son fils remit aux habitants de cette ville la lettre par laquelle le sultan leur donnait l’ordre de partir avec lui, afin de l’aider à reconquérir le trône[8]. Les Algérois demandèrent à Abdelmalik de leur payer leur solde[8], celui-ci les pria de lui faire crédit jusqu’à ce que l’expédition fût terminée, mais il fut convenu qu’il donne, par chaque étape, une somme de 10 000 pièces à l’armée turque[8] qu’il emmenait avec lui et qui se composait de 4000 hommes[8]. D’après le commentaire du Dorret[8], Abdelmalek n’aurait demandé au Bey d’Alger qu’une faible escorte pour l’accompagner jusqu’à la frontière du Maroc[8], requête auquel le Bey accéda[8]. Après quoi Abdelmalik renversa son neveu en 1576 et fut proclamé sultan du Maroc.

Descendance

De leur union, Sahaba et Mohammed ech-Cheikh eurent plusieurs enfants:

Notes et références

  1. Muḥammad al-Ṣaghīr ibn Muḥammad Ifrānī, Nozhet-Elhâdi: Histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1511-1670), E. Leroux, (lire en ligne), p. 105.
  2. « Sâhaba er-Rahmania Reine du Maroc », sur geni_family_tree (consulté le )
  3. « Chevauchées sahariennes », sur Le 360 Français (consulté le ).
  4. Paul Pascon, Le Haouz de Marrakech, Centre universitaire de la recherche scientifique, (lire en ligne), p. 190.
  5. Osire Glacier, Femmes politiques au Maroc d'hier à aujourd'hui: La résistance et le pouvoir au féminin, Tarik Editions, (ISBN 978-9954-419-82-3, lire en ligne).
  6. Abou El Kacem Zayani (trad. L.Mougin et H. Hamburger), Histoire de la dynastie sa'dide : Extrait de al-Turguman al-mu'rib 'an duwal al-Masriq wal Magrib (lire en ligne), p. 27 :
    « La mère de Mawlây 'Abd al-Mu'min et de Mawlây 'Abd al-Mâlik s'appelait al-Rahmaniyya. C'est elle qui accompagna son fils â Istamboul. »
  7. (en) Güneş Işıksel, « Ottoman Suzerainty over Morocco During Abdulmelik’s Reign (1576-1578): A Reassessment ».
  8. Muḥammad al-Ṣaghīr ibn Muḥammad Ifrānī, Nozhet-Elhâdi: Histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1511-1670), E. Leroux, (lire en ligne), p. 109.
  9. « Le MAUSOLEE DES PRINCES SAADIENS », sur www.cemaroc.com (consulté le )
  10. (en) Güneş Işıksel, Hacı Murad (Agi Morato): An Elusive Dignitary Active in the Second Half of the Sixteenth Century (lire en ligne), p. 250-251.
  11. « Lala Zahara bint Agi Morato », sur geni_family_tree (consulté le ).
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