Roméo et Juliette (Gounod)

Roméo et Juliette est un opéra en cinq actes de Charles Gounod, livret de Jules Barbier et Michel Carré[1] d'après le drame éponyme de Shakespeare, créé à Paris au Théâtre-Lyrique le [1].

L'œuvre fait son entrée au répertoire de l'Opéra de Paris le 28 novembre 1888, dans une version remaniée avec ajout d'un ballet[2].

Argument

Un prologue permet au chœur d’introduire le drame à venir. Roméo Montaigu est amoureux de Juliette Capulet, mais leurs familles, rivales, leur interdisent tout contact.

Acte I

Roméo, Mercutio et quelques amis participent incognito au bal masqué qui se tient chez les Capulet. Mercutio chante la Ballade de la reine Mab. Au premier regard, Roméo et Juliette sont instantanément épris l’un de l’autre, Roméo chante « Ange adorable » et s’ensuit un duo passionné. Tybalt reconnaît Roméo, ennemi de sa famille, mais ne peut s’en prendre à lui à cause des règles de l’hospitalité.

Acte II

Le deuxième acte comprend la fameuse scène du balcon. On y notera particulièrement l’air de Roméo (« Ah ! Lève-toi soleil »), le duo (« Ah ! Ne fuis pas encore ! ») et les adieux (« Va ! Repose en paix ! Sommeille ! »).

Acte III

Le troisième acte est divisé en deux tableaux. Le premier se déroule dans la cellule de Frère Laurent où Roméo et Juliette sont mariés secrètement (« Ô pur bonheur »). S’ensuit, à l’extérieur de la demeure des Capulet, le duel où Tybalt trouve la mort aux mains de Roméo qui venge ainsi son ami Mercutio tué par le premier. Roméo est banni.

Acte IV

Roméo vient faire ses adieux à Juliette. S’ensuit le duo « Nuit d’hyménée, Ô douce nuit d’amour ». Les amants tardent à se séparer « Non, non, ce n’est pas l’alouette », « Ah ! Reste ! Reste encore dans mes bras » et finalement « Il faut partir, hélas ». Le père de Juliette veut la marier à Pâris. Elle n’ose dire à son père qu’elle a secrètement épousé Roméo et elle boit un philtre (« Buvez donc ce breuvage ») fourni par le moine, qui la fait tomber en catalepsie, afin d'échapper à cette seconde union.

Acte V

Roméo pense que son épouse est morte et a regagné Vérone pour la rejoindre dans la mort. Une fois dans le tombeau (« Salut, tombeau / Ô ma femme, ô ma bien-aimée »), il s’empoisonne, mais alors qu’il agonise, Juliette se réveille. Comprenant la situation, elle se poignarde. Avec leurs dernières forces, ils chantent « Viens, fuyons au bout du monde ». L'opéra se termine, comme le drame shakespearien, par la mort des amants.

Distribution

RôleTessitureCréateurs
Théâtre-Lyrique (1867)
Juliette CapuletsopranoMarie-Caroline Miolan-Carvalho
Roméo MontaiguténorPierre-Jules Michot
Frère Laurent, ermitebasseJean Cazaux
Mercutio, ami de RoméobarytonAuguste-Armand Barré
Benvolio, ami de RoméoténorPierre-Marie Laurent
Stéphano, page de Roméomezzo-sopranoJoséphine Daram
Le comte Capulet, père de JuliettebasseÉtienne Troy
Gertrude, nourrice de Juliettemezzo-sopranoEléonore Ragaine-Duclos
Tybalt, cousin de JulietteténorJules-Henri Puget
Le comte Pâris, fiancé de JuliettebarytonLaveissière
Grégorio, valet des CapuletbarytonÉtienne Troy
Le duc de VéronebasseÉmile Wartel
Frère JeanbasseNeveu
Chef d'orchestreAdolphe Deloffre

Numéros musicaux

L'air de Juliette « Amour ranime mon courage », à l'acte IV, a connu une histoire tourmentée. Gounod compose initialement pour le personnage cet air selon une structure binaire lent / vif destinée à faire briller l'artiste chargée du rôle, aussi bien dans le cantabile que dans une expression plus héroïque. Dépassée par les exigences de cette page, Mme Carvalho le fait supprimer et exige la composition, à l'acte I, d'un air d'entrée virtuose. Ce sera l'Ariette en forme de valse, écrit d'abord en sol majeur puis transposé en fa majeur lorsque des voix plus lyriques seront chargées du rôle dès la fin du XIXe siècle. L'air « du poison » ne sera interprété que furtivement dans les années 1880, tronqué de sa partie lente (« Viens ! ô liqueur mystérieuse »), avant d'être plus régulièrement chanté au XXe siècle (toujours dans sa version abrégée). Les nombreuses éditions du piano-chant de l'opéra témoignent de l'histoire mouvementée de ce numéro[3].

Principales représentations dans le monde

  •  : Création au Théâtre-Lyrique à Paris (avec dialogues parlés)
  •  : Création de la version italienne à Londres (traduction de Zaffira)
  • 15 novembre 1867 : Première américaine de la pièce, avec Minnie Hauk dans le rôle de Juliette
  •  : Version remaniée pour l'Opéra-Comique par Georges Bizet (avec récitatifs)
  •  : Version remaniée pour l'Opéra de Paris (ajout du ballet, nouveau final du troisième acte et quelques modifications du livret)

Adaptations

Il existe une parodie Rhum et eau en juillet de Joseph Eugène Dejazet datant de 1867.

Dans la culture

Discographie et vidéographie sélective

Version en film

  • 2002 : (avec quelques omissions de scènes) Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Tito Beltrán, Daniel Lipnik (acteur) / František Zahradniček (voix), Marcel Acquarone (acteur) / Zdeněk Harvánek (voix), Jan Šváb (acteur) / Aleš Hendrich (voix), Pavel Novák (acteur) / Vratislav Křiž (voix), membres de l'opéra d'État de Prague (acteurs) / Chœur mixte Kühn de Prague (voix), Orchestre philharmonique de chambre de Tchéquie, Anton Guadagno (dir.) - Arthaus Musik [vidéo] Disponible sur YouTube (film tourné au château de Zvíkov en Tchéquie)

Bibliographie

  • « Roméo et Juliette », L'Avant-scène opéra n°41, éd. Premières Loges, Paris, 1982
  • Gustave Kobbé, Tout l'opéra, Paris, Robert Laffont, 2000
  • Harold Rosenthal, John Warrack, Roland Mancini et Jean-Jacques Rouveroux, Guide de l'opéra, coll. « Les Indispensables de la musique », éd. Fayard, Paris

Notes et références

  1. François-René Tranchefort, L'Opéra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 249
  2. « Romeo et Juliette - Gounod », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le )
  3. Alexandre Dratwicki, « Juliette sans Roméo : enquête autour d'un monologue apatride », Bru Zane mediabase, Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française, .

Liens externes

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