Mikhaïl Chichkine

Mikhaïl Pavlovitch Chichkine (en russe : Михаил Павлович Шишкин) est un écrivain russe né le à Moscou (RSFS de Russie, URSS).

Il s'installe en Suisse en 1995. Il écrit en russe et a été traduit en allemand, en néerlandais, en italien et en français. En 2000, il a obtenu le prix du canton de Zurich pour la version originale russe de La Suisse russe.

Biographie

Mikhaïl Pavlovitch Chichkine est né d'un père sous-marinier, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et décoré deux fois de l'ordre du Drapeau rouge[1], et d'une mère ukrainienne enseignante[2]. Son grand-père paternel, à la suite de la dékoulakisation, est accusé en 1930 de travailler pour un koulak et est envoyé au chantier de construction de la Magistrale Baïkal-Amour, où il mourra. Sa grand-mère, Lioubov Chichkina (décédée en 1993) fuit la campagne avec ses deux enfants et travaille comme nettoyeuse dans la région de Moscou[3],[4]. Le frère aîné du père de Mikhaïl est porté disparu en 1941[5]. En 2010, Mikhaïl découvre que son oncle a en fait été fusillé par les Allemands après avoir été dénoncé, de manière d'ailleurs inexacte, comme juif[3]. Son frère cadet, Pavel Chichkine (1926-1995), part à la guerre à l'âge de dix-sept ans pour venger son frère. Après sa formation, il sert comme sous-marinier entre 1944 et 1945 [3], tout en gardant pour lui le sort qui avait été réservé à son père[4].

La mère de Mikhaïl travaille pour le Parti comme secrétaire dans l'école où éclate le scandale causé par Vladimir Boukovski, alors écolier. Elle parvient à conserver son poste grâce à son congé de maternité et devient par la suite proviseur puis directrice. C'est dans cette même école N°59 que Mikhaïl effectuera sa scolarité[6].

La famille se dissout avant même la naissance de Mikhaïl, dont les premières années se déroulent dans le sous-sol d'une kommounalka moscovite[4]. Lioubov Chichkina, sa grand-mère maternelle, qui a passé trois ans dans une école religieuse, le baptise en secret. Dès l'école, Mikhaïl se conçoit une image négative du pouvoir soviétique et photocopie des tamizdats, ces samizdats imprimés à l'étranger[3]. Sous Andropov, sa mère est licenciée de l'école pour avoir autorisé l'organisation d'une soirée commémorative en l'honneur de Vladimir Vyssotski[7].

Tout un temps, Mikhaïl Chichkine travaille comme balayeur, puis il coule de l'asphalte[8]. Il est diplômé de la faculté romano-germanique de l'Université pédagogique d'État de Moscou en 1982. Il travaille trois ans pour la revue Rovesnik, il écrit des articles sur l'art et traduit des textes à partir de l'allemand. Il enseigne ensuite l'allemand et l'anglais pendant cinq ans à l'école N°444 de physique et mathématique de la ville de Moscou[9].

Mikhaïl Chichkine a été marié trois fois, les deux premiers mariages ont duré sept ans. Sa première femme, Irina, est russe. Il épouse ensuite la Suissesse Franziska Stöcklin, slavisante de profession. C'est à elle que Mikhaïl dédie son roman La Prise d'Izmaïl. Depuis la naissance de son fils Konstantin en 1995, l'écrivain vit en Suisse à Zurich[4]. En plus de l'écriture, il se consacre à la traduction et donne des cours. En automne 2009, il enseigne un semestre durant à l'université Washington et Lee en Virginie[10].

En 2011, Mikhaïl Chichkine épouse Evguenia Frolkova, leur fils Ilia naît en 2013. Mikhaïl Chichkine vit à Berlin entre 2012 et 2013, dans le cadre d’une bourse d’échanges universitaires (Deutscher Akademischer Austauschdienst - DAAD).

Mikhaïl Chichkine apprécie la musique classique[11] et aime jouer au snooker[12].

En 2013, il refuse de représenter la Russie à la foire internationale du livre « BookExpo America (en) 2013 » aux États-Unis pour des raisons politiques[13],[14]. Dans un essai paru dans des journaux européens, l'écrivain donne son point de vue sur l'annexion de la Crimée par la Russie[15],[16].

Dans son recueil d'essais La Paix ou la guerre, réflexions sur le « monde russe », paru en 2023, « grand livre de colère[17]», Chichkine « n'a rien d'autre à opposer à la barbarie que le pardon et la simple lucidité[17]» , et constate que sa langue est devenue celle des assassins[18].

Œuvres

  • La Prise d'Izmail : roman (trad. Marc Weinstein), Paris, Fayard, , 412 p. (ISBN 2-213-61520-9)
    Prix Booker russe (décembre 2000).
  • Dans les pas de Byron et Tolstoï : du lac Léman à l'Oberland bernois (trad. de l'allemand par Colette Kowalski), Montricher/Paris, Noir sur Blanc, , 318 p. (ISBN 2-88250-159-5)
  • Le Cheveu de Vénus : roman (trad. Laure Troubetzkoy), Paris, Fayard, , 444 p. (ISBN 978-2-213-62743-4).
  • La Suisse russe (trad. Marilyne Fellous), Paris, Fayard, , 516 p. (ISBN 978-2-213-62910-0).
  • Deux heures moins dix (trad. Nicolas Véron), Lausanne/Paris, Noir sur Blanc, , 318 p. (ISBN 978-2-88250-264-3).
  • Le Manteau à martingale (trad. Maud Mabillard), Lausanne/Paris, Noir sur Blanc, (ISBN 2-882-50619-8), dont la traduction en français remporte une mention spéciale du prix Russophonie 2021
  • La Paix ou la guerre. Réflexions sur le “monde russe” (trad. de l'allemand par Odile Demange), Lausanne/Paris, Noir sur Blanc, , 206 p. (ISBN 978-2-882-50851-5)

Récompenses et distinctions

Notes et références

  1. (ru) Наталья Кочеткова беседовала с Михаилом Шишкиным, « Будущее наступило. Михаил Шишкин написал свою главную книгу и встретил любовь » [archive du ], Известия, (consulté le )
  2. (ru) Александр Чернов беседовал с Михаилом Шишкиным, « Шишкин — художник слова. Интервью. » [archive du ], Шо, (consulté le )
  3. (ru) « Клуб «Журнального зала» » [archive du ], Русский журнал, (consulté le )
  4. (ru) « Михаил Шишкин: «Я почувствовал себя крошечным колесиком машины, производящей говно». По материалам «Московского комсомольца» и «Новых известий» » [archive du ], Салідарнасць, (consulté le )
  5. Михаил Шишкин, « Говорят лауреаты «Знамени». Михаил Шишкин », Знамя, Moscou, no 3, (lire en ligne)
  6. (ru) « Национальная премия «Большая книга» » [archive du ] (consulté le )
  7. Михаил Шишкин, Пальто с хлястиком, Сноб Медиа, (lire en ligne)
  8. Николай Александров, « Тот, кто взял Измаил. Интервью с Михаилом Шишкиным », Итоги, Moscou, no 42 (228), (lire en ligne)
  9. (ru) Веста Боровикова, « Писатель Михаил Шишкин: «В России государство – это главный враг, и его нужно бояться» » [archive du ], Новые Известия, (consulté le )
  10. (ru) Наталья Кочеткова беседовала с Михаилом Шишкиным, « Михаил Шишкин: Роман всегда умнее автора » [archive du ], Известия, (consulté le )
  11. (ru) Сергей Иванов беседовал с Михаилом Шишкиным, « Михаил Шишкин: «Писатель должен ощутить всесилие» » [archive du ], Контакты, (consulté le )
  12. (ru) Людмила Клот, « Михаил Шишкин и роман в письмах влюбленных. Интервью с Михаилом Шишкиным. » [archive du ], Наша газета, (consulté le )
  13. « Михаил Шишкин отказался представлять Россию на книжной ярмарке в США » [archive du ] (consulté le )
  14. Викицитатник «Михаил Павлович Шишкин»
  15. « Ordinary Russians and Ukrainians have been betrayed by their leaders » (consulté le )
  16. « Russlands ukrainische Zukunft » (consulté le )
  17. « « La Paix ou la guerre » : Mikhaïl Chichkine fait voler en éclats le mensonge russe », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  18. « Mikhaïl Chichkine, écrivain russe : « Ma langue est devenue la langue des assassins » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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