Burlesque (musique)

En musique instrumentale, une burlesque est une composition généralement brève, de style libre et de caractère gai.

Histoire

La burlesque (burlesca en italien, Burleske en allemand[1]), en tant que genre musical, est une composition instrumentale le plus souvent brève, de style libre et de caractère gai[2],[3], proche du scherzo et du capriccio[2].

Le terme dérive du bas latin burra broutille » ou « bagatelle »)[4].

Introduite en tant que danse dans la suite du XVIIIe siècle, par exemple dans la Partita no 3 en la mineur pour clavier de Jean-Sébastien Bach, la burlesque devient au XIXe siècle une pièce de forme libre qui est également appelée burla  celle de Robert Schumann, par exemple, extraite des Albumblätter Feuillets d'album ») pour piano op. 124[2]  Burlesque pour piano et orchestre de Richard Strauss ou Burlesques pour piano de Béla Bartók[3].

Caractéristiques

Dans le Musichalisches Lexikon (1732), le compositeur Johann Gottfried Walther dit des Burleske Ouvertüren qu'elles font alterner des mélodies « sérieuses » et des mélodies de caractère « risible », avec des sauts de quintes et d'octaves, notamment[4],[5]. Bernd Alois Zimmermann compose une « cantate burlesque », en 1948, Lob der Torheit (Éloge de la folie) sur un texte de Goethe.

Chez François Couperin, le qualificatif de « burlesque » est présent dans le Troisième livre de pièces de clavecin (1722), 18e ordre, avec Le Gaillard-boiteux, « dans le goût Burlesque » (qui présente des sauts d'octave). Dans le Quatrième livre de pièces de clavecin, l'Arlequine du 23e ordre est indiquée « Grotesquement » et la 2e partie des Satires (du même ordre) est notée « Vivement, et dans un goût Burlesque »[4],[5].

Le philosophe et musicologue Vladimir Jankélévitch, évaluant l'influence de la musique de Chabrier sur celle de Ravel, évoque « le polichinelle de la Joyeuse Marche qui entre comme le tonnerre en éclatant de rire et faisant des cabrioles, et qui agite tous ses grelots ; ce grossier personnage, avec sa trogne, son nez postiche, sa bosse et, sur les joues, ses deux taches de vermillon, aurait vite fait de casser toutes les porcelaines d'Adélaïde ! Quel rapport entre cette Burla bon enfant et l'humour un peu acide de Ravel le pince-sans-rire ? » Chabrier, « lâché en pleine musique, ressemble à ces démons de la farce dont parle Kierkegaard dans La Répétition, fils du caprice, ivres de rire et dansant de joie[6] ».

Jankélévitch considère que « le Scherzo et le Capriccio ludiques émiettent le lourd passé d'une histoire irréversible, la Burla s'éparpille en bons mots et en pointes[7] »

Répertoire

Entre les XVIIIe et XXe siècles, le genre de la burlesque est notablement illustré pour des formations instrumentales très diverses[4],[5] :

Clavecin ou piano

Musique symphonique

  • Hans Gál : 2e mouvement de la Symphonie no 1, op. 35 [13] et Burleske, op. 42a pour petit orchestre[14] ;
  • Tibor Harsányi : Rhapsodie burlesque pour orchestre ;
  • Gustav Mahler : 3e mouvement de la Symphonie no 9 (Rondo - Burleske) ;
  • Leopold Mozart : Sinfonia burlesca (1760) pour 2 altos et 2 violoncelles avec une basse indépendante pour basson ou violone, dont les deux derniers mouvements sont intitulés d'après des personnages de la commedia dell'arte, Il signor Pantalone et Harlequino[4],[5] ;
  • Étienne Nicolas Méhul : Ouverture burlesque pour 3 mirlitons, tambour, violon et piano (1808), « grotesquement comique, tant dans sa partition que dans son contenu musical»[5],[4] ;
  • Florent Schmitt : Ronde burlesque pour orchestre op. 78[4],[5] ;
  • Bernd Alois Zimmermann : Das Gelb und das Grün (Le Jaune et le vert, 1952) no 2, « Burleske » et Métamorphose (1954) no 6, « Gigue (Burleske) ».

Musique concertante

Musique de chambre

Références

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • Encyclopédie de la musique (trad. de l'italien), Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche/Pochothèque. Encyclopédies d'aujourd'hui », , 1142 p. (ISBN 2-253-05302-3), « Burlesque », p. 109.
  • Denis Arnold (dir.) (trad. de l'anglais par Marie-Stella Pâris, adaptation française par Alain Pâris), Dictionnaire encyclopédique de la musique : Université d'Oxford The New Oxford Companion to Music »], t. I : A à K, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », (1re éd. 1988), 1171 p. (ISBN 2-221-05654-X), « Burlesque », p. 299-300.
  • Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, Quelque part dans l'inachevé, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais » (no 60), (1re éd. 1978), 320 p.
  • Eugène de Montalembert et Claude Abromont, Guide des genres de la musique occidentale, Paris, Fayard / Lemoine, , 1309 p. (ISBN 978-2-213-63450-0), « Burlesque », p. 115-116.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1495 p. (ISBN 978-2-221-05017-0)
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 978-2-221-08566-0)
  • Marc Vignal (dir.), Dictionnaire de la musique, Paris, Larousse, (1re éd. 1982), 1516 p. (ISBN 2-03-505545-8, lire en ligne), « Burlesque », p. 135.

Monographies

Notes discographiques

  • (en) Lewis Foreman, « Piano Works, Vol. 1 », Naxos (8.557439), septembre 2004.

Liens externes

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