1941 en dadaïsme et surréalisme

Cet article présente les faits marquants de l'année 1941 en dadaïsme et surréalisme.

Éphémérides

Janvier

15 janvier
Mort de Nadja à l'asile psychiatrique de Bailleul (près de Lille) où elle était internée depuis 1928.

Février

La censure interdit les publications de l'Anthologie de l'humour noir et Fata morgana d'André Breton.

Mars

25 mars
Breton, Ernst, Wifredo Lam, Claude Lévi-Strauss, Masson et Victor Serge embarquent à destination de New York.

Création collective à la villa Air-Bel du Jeu de Marseille.

Avril

24 avril
À l'escale de Fort de France en Martinique, Breton est retenu au camp du Lazaret, puis libéré sous caution. Il découvre la revue Tropiques créée par Aimé Césaire qu'il rencontre aussitôt.

Mai

16 mai
Breton et Masson sont autorisés à quitter la Martinique pour les États-Unis, et Lam pour Cuba.

À Bruxelles, l'exposition consacrée à Raoul Ubac est fermée quelques jours avant la fin prévue, sur ordre des autorités allemandes d'occupation[1].

Juillet

14 juillet
Breton et Ernst arrivent à New York[2].

Août

Publication clandestine à Paris du premier numéro de la revue La Main à plume[3], conçue par le groupe surréaliste parisien formé autour de Noël Arnaud, Jean-François Chabrun et Adolphe Acker (sous le pseudonyme de Paul Chancel)[4].

Novembre

Breton fait part à son ami Roland Penrose de son désir de fonder une revue qui permettrait aux surréalistes de tous les pays de s'exprimer.

Cette année-là

Victor Brauner n'ayant pas obtenu de visa pour quitter la France est caché en Provence par René Char.

Max Ernst invente le procédé de « l'oscillation » : un cornet rempli de peinture et se balançant au-dessus d'une toile posée sur le sol. Procédé qu'il montre à Jackson Pollock qui en fait le « dripping »[5].

E. L. T. Mesens participe aux émissions anti-nazies de la BBC. Sur un air connu, il compose les paroles « Radio-Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »[6].

Gordon Onslow Ford, réfugié au Mexique, fonde avec Wolfgang Paalen la revue Dyn[7].

Benjamin Péret et Remedios Varo obtiennent un visa pour le Mexique.

Au Japon, Shūzō Takiguchi est arrêté par la police politique.

Œuvres

William Baziotes, Gerome Kamrowski et Jackson Pollock
- Peinture collective, huile sur toile[8]
Hans Bellmer
- L’Embryon rouge, gouache décalcomanie[9]
- Petite peinture de la poupée
Victor Brauner
- La Rage des Conglomers, plume et encre, craies de couleur sur papier jaune[10]
- Souffrance, souffrance, huile sur toile[11]
Frédéric Delanglade
- Lili Marlène, huile sur toile[12]
Paul Delvaux
- Le Congrès, huile sur toile
- Les Mains (Le Songe), huile sur toile[13]
- Les Phases de la Lune, huile sur toile
- Le Train bleu, huile sur toile
Max Ernst
- Hommage à Marlene Dietrich, huile sur toile[14]
- Napoléon dans le désert, huile sur toile[15]
Gerome Kamrowski
- Petite scène sur une falaise païenne, huile sur toile[16]
Clément Magloire-Saint-Aude
- Dialogue de mes lampes : « Nier, retourner / Les plis de ma soif de Peul / Cavalier de tulle d'os de glace, / Visiteur en guide ovale de nuit, / Et en habits de gala de lord sans crâne… »[17]
- Tabou, poèmes[18]
André Masson
- Marseille : la cité, crayon gras sur papier[19]
- Martiniquaises, gouache, pastel et encre sur papier vergé[20]
- Martinique, encre et crayons de couleur sur papier[21]
- Paysage en forme de poisson, huile sur toile[22]
- Paysage iroquois, encre de chine sur papier[23]
- Portraits de Jacqueline Lamba et d'André Breton, dessin à l'encre[24]
- Portrait d'André Breton, dessin (portrait de Breton en Janus)[25]
Matta
- L’Écran, huile sur toile
Joan Miró
- Le Bel oiseau déchiffrant l’inconnu au couple amoureux, huile sur toile
Gordon Onslow Ford
- The Transparent woman, huile sur toile
Georges Papazoff
- Forme se détachant de la Terre, peinture
Pablo Picasso
- Le Désir attrapé par la queue, poèmes[26]
Man Ray
- Promenade, huile sur toile[27]
Kurt Seligmann
- Les Environs du château d'Argol, huile sur toile[28]
Jindrich Styrsky
- Le Petit Jésus, collage[29]
Yves Tanguy
- Les Cinq étrangers, huile sur toile[30]
- Composition, huile sur carton[31]
Wols
- Les Poissons et les vagues, huile sur toile[32]
Création collective du Jeu de Marseille[33], inspiré du Tarot de Marseille.
Le principe des séries traditionnelles est conservé mais les noms et les honneurs sont changés.
Les quatre couleurs Carreau, Cœur, Pique, Trèfle sont transposées en Amour, emblème : Flamme, Connaissance, emblème : Serrure, Rêve, emblème : Étoile (noire), Révolution emblème : Roue (et sang).
Les figures Roi et Reine deviennent Génie ou Mage et Sirène (il n'y a plus de valet) qui représentent une personnalité historique ou un personnage de la littérature.
Après avoir arrêté une liste de noms, la répartition des personnages est tirée au sort. Ainsi sont dessinés par :
- André Breton
  - Paracelse. Mage de Connaissance - Serrure, encre de Chine et aquarelle sur papier
  - As de Connaissance - Serrure, aquarelle, encre de Chine et crayon sur papier
- Victor Brauner
  - Hélène Smith. Sirène de Connaissance - Serrure, crayons noir et de couleurs sur papier-calque
  - Hegel. Génie de Connaissance - Serrure, crayons noir et de couleurs sur papier-calque
- Frédéric Delanglade
  - Dos pour le Jeu de Marseille, une version rectangulaire et une version circulaire, encre de Chine et gouache blanche sur papier, et, encre rouge et encre de Chine sur carton,
- Óscar Domínguez
  - Sigmund Freud. Mage de Rêve - Étoile, aquarelle, crayons de couleurs et encre de Chine sur papier
  - As de Rêve - Étoile, crayon bleu et encre de Chine sur papier
- Max Ernst
  - Pancho Villa. Mage de Révolution - Roue, crayons noir et de couleurs sur papier, encre et gouache
  - As d'Amour - Flamme, deux versions, crayons noir et rouge sur papier-calque
- Jacques Hérold
  - Lamiel (héroïne de Stendhal). Sirène de Révolution - Roue, encre de Chine et crayons de couleurs sur papier, retouches de gouache blanche
  - Sade. Génie de Révolution - Roue, encre de Chine et crayons de couleurs sur papier
- Wifredo Lam
  - Lautréamont. Génie de Rêve - Étoile, encre de Chine et crayon sur papier
  - Alice de Lewis Carroll. Sirène de Rêve - Étoile, encre de Chine et crayon sur papier
- Jacqueline Lamba
  - As de Révolution - Roue, intitulée aussi La Roue sanglante, taches d'encre rouge projetées sur papier et collage
  - Charles Baudelaire. Génie d'Amour - Flamme, deux versions, encre de Chine, gouache et collage sur papier, et aquarelle et encre de Chine sur papier
- André Masson
  - La Religieuse portugaise. Sirène d'Amour - Flamme, deux cartes, crayon et aquarelle sur papier, et encre de Chine et crayon sur papier
  - Novalis. Mage d'Amour - Flamme, deux versions, encre de Chine sur papier, et, aquarelle, crayon et collage sur papier
- Le joker est le Père Ubu à gidouille tel que l'a dessiné Alfred Jarry.

Notes et références

Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, éditions Actes Sud, Arles, 2007, p. 43.
Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Éditions Hazan, Paris, 1969, dépôt légal 19669-1975, p. 163.
Le titre a été choisi en référence aux paroles d'Arthur Rimbaud : « La main à plume vaut la main à charrue. » José Pierre, Tracts surréalistes, tome II, 1982, Paris, Le Terrain vague, p. XIII, qui date du mois de mai la parution.
N. Arnaud : « [...] seules les publications périodiques étaient soumises à la censure [...] il suffisait de changer de titre à chaque livraison [...] et nous échappions à l'obligation de présenter nos textes au visa préalable des nazis [...] » Pierre 1982, p. XIII.
Alexandrian, p. 164.
Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, 1982 (ISBN 2-13-037280-5), p. 279.
Alexandrian, p. 241.
José Pierre, L'Univers surréaliste, Somogy, Paris, 1983, p. 26.
Héliogravure en 7 couleurs réalisée par Maccard, 1948, 25 × 30 cm. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n^o 345, mars 2013, p. 88.
26,5 × 36,5 cm. Varian Fry et les candidats à l'exil, Actes Sud, 1999, p. 65.
46 × 38 cm. Reproduction dans Télérama n^o 3275, 17 octobre 2011, p. 42.
60,5 × 46 cm. Varian Fry …, p. 83.
Collection Claude Spaak, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 133.
Pierre 1983, p. 22.
46,3 × 38 cm. Collection Museum of Modern Art, New York. Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 348, juin 2013, p. 73.
Pierre 1983, p. 235.
P. Aron et J.-P. Bertrand, Les 100 mots du surréalisme, PUF, Paris, 2010, p. 14.
Jean-Louis Bédouin, La Poésie surréaliste, éditions Seghers, Paris, 1964, p. 158.
24,5 × 31,5 cm.
65 × 50 cm.
30,3 × 22,6 cm.
36,1 × 46,1 cm.
21 × 28,2 cm.
60 × 47 cm. Varian Fry …, p. 94.
Biro & Passeron, p. 65.
Ils ne seront publiés qu'en 1945.
Yale University Art Gallery, New Haven. Reproduction dans Alexandrian, p. 91.
D'après le roman de Julien Gracq. André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 78.
Collection privée. Reproduction dans Alexandrian, p. 134.
98,1 x 81,3 cm. Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford (Connecticut). Reproduction dans Beaux-Arts Magazine n° 445, juillet 2021, p. 65.
16 × 21 cm. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n° 89, avril 1991, p. 31.
54 × 65 cm. Varian Fry …, p. 104.
Reproduction des vingt dessins dans Le Jeu de Marseille. Autour d'André Breton et des surréalistes à Marseille en 1940-1941, Éditions Alors Hors Du Temps, Marseille, 2003, pages 86 à 129.

Article connexe

Chronologie de Dada et du surréalisme

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[1] Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, éditions Actes Sud, Arles, 2007, p. 43.

[2] Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Éditions Hazan, Paris, 1969, dépôt légal 19669-1975, p. 163.

[3] Le titre a été choisi en référence aux paroles d'Arthur Rimbaud : « La main à plume vaut la main à charrue. » José Pierre, Tracts surréalistes, tome II, 1982, Paris, Le Terrain vague, p. XIII, qui date du mois de mai la parution.

[4] N. Arnaud : « [...] seules les publications périodiques étaient soumises à la censure [...] il suffisait de changer de titre à chaque livraison [...] et nous échappions à l'obligation de présenter nos textes au visa préalable des nazis [...] » Pierre 1982, p. XIII.

[5] Alexandrian, p. 164.

[6] Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, 1982 (ISBN 2-13-037280-5), p. 279.

[7] Alexandrian, p. 241.

[8] José Pierre, L'Univers surréaliste, Somogy, Paris, 1983, p. 26.

[9] Héliogravure en 7 couleurs réalisée par Maccard, 1948, 25 × 30 cm. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n^o 345, mars 2013, p. 88.

[10] 26,5 × 36,5 cm. Varian Fry et les candidats à l'exil, Actes Sud, 1999, p. 65.

[11] 46 × 38 cm. Reproduction dans Télérama n^o 3275, 17 octobre 2011, p. 42.

[12] 60,5 × 46 cm. Varian Fry …, p. 83.

[13] Collection Claude Spaak, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 133.

[14] Pierre 1983, p. 22.

[15] 46,3 × 38 cm. Collection Museum of Modern Art, New York. Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 348, juin 2013, p. 73.

[16] Pierre 1983, p. 235.

[17] P. Aron et J.-P. Bertrand, Les 100 mots du surréalisme, PUF, Paris, 2010, p. 14.

[18] Jean-Louis Bédouin, La Poésie surréaliste, éditions Seghers, Paris, 1964, p. 158.

[19] 24,5 × 31,5 cm.

[20] 65 × 50 cm.

[21] 30,3 × 22,6 cm.

[22] 36,1 × 46,1 cm.

[23] 21 × 28,2 cm.

[24] 60 × 47 cm. Varian Fry …, p. 94.

[25] Biro & Passeron, p. 65.

[26] Ils ne seront publiés qu'en 1945.

[27] Yale University Art Gallery, New Haven. Reproduction dans Alexandrian, p. 91.

[28] D'après le roman de Julien Gracq. André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 78.

[29] Collection privée. Reproduction dans Alexandrian, p. 134.

[30] 98,1 x 81,3 cm. Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford (Connecticut). Reproduction dans Beaux-Arts Magazine n° 445, juillet 2021, p. 65.

[31] 16 × 21 cm. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n° 89, avril 1991, p. 31.

[32] 54 × 65 cm. Varian Fry …, p. 104.

[33] Reproduction des vingt dessins dans Le Jeu de Marseille. Autour d'André Breton et des surréalistes à Marseille en 1940-1941, Éditions Alors Hors Du Temps, Marseille, 2003, pages 86 à 129.