1918 en dadaïsme et surréalisme
Cet article présente les faits marquants de l'année 1918 en dadaïsme et surréalisme.
Éphémérides
Janvier
- À Berlin, première soirée Dada à l'initiative de publication de Richard Huelsenbeck[1], suivie du premier numéro de la revue Club Dada créée par Raoul Hausmann et Franz Jung[2].
Mai
André Breton est envoyé au Centre d'instruction de Noailles, puis à Moret-sur-Loing et Saint-Mammès où il est affecté au 81e régiment d'artillerie lourde comme infirmier[3].
- Au cours d'une opération commando, Joë Bousquet est grièvement blessé. Il en devient paraplégique[4].
Juin
- Correspondance entre Tristan Tzara et Paul Dermée qui tentent de s'associer pour diffuser la revue DADA à Paris, mais le projet n'aboutit pas[5].
- Tristan Tzara, 25 poèmes, recueil illustré de 10 gravures sur bois par Jean Arp[6]
Juillet
Dans une lettre à Théodore Fraenkel[7], Breton lui fait part du projet en commun avec Aragon et Philippe Soupault, d'un livre sur quelques peintres Georges Braque, Giorgio De Chirico, André Derain, Juan Gris, Marie Laurencin, Henri Matisse, Pablo Picasso et Le Douanier Rousseau[8].
- Après l'examen de médecin auxiliaire Louis Aragon est envoyé sur le front en Champagne.
- Paul Eluard, Poèmes pour la paix[9].
- Marcel Janco, Tristan Tzara lira de ses œuvres et un manifeste Dada…, affiche[10]
- Breton découvre dans la revue La Phalange, numéro du , un article de Valery Larbaud au sujet des Poésies de Lautréamont. Il se rend à la Bibliothèque Nationale pour en recopier le seul exemplaire connu : « Je ne pense qu'à Maldoror », écrit-il à Fraenkel[11].
Août
Sur le front de Champagne, à Couvrelles, par trois fois, Aragon est enterré vivant par les bombardements ; il passe pour mort selon l'administration militaire[12].
- Louis Aragon, La Demoiselle aux principes, publié dans la revue Les Écrits nouveaux[13]
Septembre
Représentation à Zurich du spectacle de marionnettes Le Roi cerf. La fable de la pièce initiale de Carlo Gozzi (1720-1806) est transposée en 1913 et raconte l'épisode de la rupture survenue entre Carl Jung et Sigmund Freud. Aux personnages traditionnels de la commedia dell'arte se mêlent des personnages originaux appelés Docteur Complex, Freud Analyticus[14] et la Fée Urlibido. Les marionnettes ainsi que les décors sont réalisés par Sophie Taeuber[15].
La revue de Louis Delluc Le Film publie un article d'Aragon intitulé Du décor : « […] courageux précurseurs, qu'ils fussent peintres ou poètes […] qu'un journal ou un paquet de cigarettes savaient émouvoir […] Ils connaissent cette fascination des hiéroglyphes sur les murs […] Ces lettres qui vantent un savon valent les caractères des obélisques ou les inscriptions d'un grimoire de sorcellerie […] Nous les avons déjà vues éléments d'art chez Picasso, Braque ou Juan Gris[16]. »
Breton est affecté à l'hôpital du Val-de-Grâce pour y préparer l'examen de médecin auxiliaire. Il prend une chambre à l'hôtel des Grands Hommes, 9 place du Panthéon[17].
- Antonin Artaud est envoyé près de Neuchâtel en Suisse dans une clinique spécialisée dans les affections nerveuses.
Octobre
- Kurt Schwitters se rend à Berlin à la rencontre de Raoul Hausmann et Richard Huelsenbeck. Ce dernier oppose son veto à l'adhésion de Schwitters au Club Dada, lui reprochant sa proximité avec le groupe expressionniste Sturm. De Zurich, Tristan Tzara le reconnaît en revanche comme dadaïste[18].
Novembre
Mort de Guillaume Apollinaire à 37 ans, victime de la grippe espagnole[19].
Soupault : « C'est Apollinaire qui me prit par la main et qui me montra ce qu'était la poésie vivante et la pénitence du feu […] Je puis encore reconnaître certains jours, dans un rayon de soleil, au coin d'une rue ou brillant dans la monotonie de la pluie qui tombe, le sourire d'Apollinaire[20]. »
Lettre de Jacques Vaché à Breton : « Comment vais-je faire, pauvre ami, pour supporter ces derniers mois d'uniforme [...] ILS se méfient... ILS se doutent de quelque chose - Pourvu qu'ILS ne me décervèlent pas pendant qu'ILS m'ont en leur pouvoir[22] ».
Jacques Vaché, Blanche acétylène, poème joint à la lettre du adressée à Breton le .
Première représentation de Couleur du temps d'Apollinaire[23]. Au cours de cette représentation, Paul Eluard approche Breton mais à cause de sa timidité, il prétexte la ressemblance avec un ami qu'il croyait mort à la guerre[24].
- À Berlin, le Novembergruppe dont font partie Jefim Golyscheff et le peintre expressionniste Emil Nolde, publie un manifeste demandant la dissolution des académies et la liberté totale du dessin dans les arts plastiques[25].
Décembre
Lettre de Vaché à Breton : « [...] je m'en rapporte à vous pour préparer les voies de ce Dieu décevant, ricaneur un peu, et terrible en tout cas. Comme ce sera drôle, voyez-vous, ce vrai ESPRIT NOUVEAU se déchaîne. J'ai reçu votre lettre en multiples découpures collées, qui m'a empli de contentement - C'est très beau, mais il y manque quelqu'extrait d'indicateur de chemins de fer, ne croyez-vous pas ? ... Apollinaire a fait beaucoup pour nous et n'est certes pas mort ; il a, d'ailleurs, bien fait de s'arrêter à temps [...] IL MARQUE UNE ÉPOQUE. Les belles choses que nous allons pouvoir faire ; - MAINTENANT[26]! »
- Parution du troisième numéro de Dada, lettrage rouge sur couverture blanche avec un bois gravé abstrait de Marcel Janco et citation de René Descartes : « Je ne veux même pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi. ». Il contient le Manifeste Dada 1918. Tristan Tzara : « Je suis contre les systèmes, le plus acceptable des systèmes est celui de n'en avoir par principe aucun […] Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises à jamais incomprises […] Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale. Dada ne signifie rien[27]. »
Cette année-là
- Christian Schad invente la photographie sans caméra, appelé plus tard par Tristan Tzara « schadographie »[28].
- Salvador Dalí entre à l'École des Beaux-Arts de Madrid. Rencontre avec Federico García Lorca et Luis Buñuel[réf. nécessaire].
- Marcel Duchamp affuble d'une paire de moustaches une reproduction de La Joconde et sous-titre LHOOQ[29].
- Depuis New York, Francis Picabia, ayant entendu parler de Dada, arrive à Zurich où il demande : « Qu'est-ce que Dada ? »[31]
- Kurt Schwitters invente le mot merz qu'il accole à toutes ses œuvres pour développer son propre dadaïsme[32].
- Yves Tanguy s'engage dans la marine marchande pour deux ans[33].
Œuvres
- Louis Aragon
- La Demoiselle aux principes
- Jean Arp et Sophie Taeuber
- Giorgio De Chirico
- Le Revenant (Il Ritornante), huile sur toile[36]

Abstract painting of Marcel Duchamp
- Katherine Dreier
- Abstract painting of Marcel Duchamp, huile sur toile[37]
- Marcel Duchamp
- Paul Eluard
- Poèmes pour la paix
- Germaine Everling & Francis Picabia
- Roulette de la pensée, collage[39]
- Elsa von Freytag-Loringhoven
- Cathedral, fragment de bois[40]
- Jefim Golyscheff
- L P'erioum, aquarelle, encre et collage sur papier[41]
- George Grosz
- Hommage à Oskar Panizza, huile sur toile[42]
- Raoul Hausmann
- Marcel Janco
- Masque, papier, carton, ficelle, gouache et pastel[46]
- Tristan Tzara lira de ses œuvres et un manifeste Dada…, affiche
- Joan Miró
- Potager avec un âne, huile sur toile[47]
- Francis Picabia
- L'Athlète des Pompes funèbres[48]
- L'Îlot du Beau-Séjour dans le canton de la nudité
- Optophone, huile sur toile[49]
- Poèmes et dessins de la fille née sans mère[48]
- Portrait de Tristan Tzara, mine graphite, gouache et aquarelle sur papier[50]
- Man Ray
- Man, photographie d'une moulinette de cuisine accrochée au mur et de son ombre portée[51]
- Georges Ribemont-Dessaignes
- L'Esprit océanique, huile sur toile[52]
- Alberto Savinio
- Hermaphrodito, textes
- Morton Schamberg
- Dieu, siphon de lavabo fiché dans une boîte à coupe d'onglet[53]
- Arthur Segal
- Maisons rouges II, huile sur toile
- Port au soleil, huile sur toile[54]
- Sophie Taeuber
- Tristan Tzara
- 25 poèmes, recueil illustré de 10 gravures sur bois par Jean Arp
Notes et références
- Marc Dachy, Archives Dada. Chroniques, Éditions Hazan, Paris, 2005, (ISBN 2-7541-0009-1), p. 84.
- Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 264.
- André Breton, Œuvres complètes, tome 1, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, Paris, 1988 (ISBN 2-07-011138-5), p. XXXVII.
- Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037280-5), p. 61.
- Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, CNRS Éditions, (1re éd. 1965) (ISBN 2-271-06337-X), p. 114
- Paul Eluard, Poésies complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1968, p. LXI.
- T. Fraenkel (1896-1964), ami de Breton depuis le collège Chaptal. Élève à la faculté de médecine, il rejoint Breton à Nantes en 1915, y fait la connaissance de Jacques Vaché, puis retrouve Aragon et Breton à l'hôpital du Val-de-Grâce en 1917. Pierre Daix, La Vie quotidienne des surréalistes (1917-1932), éditions Hachette, Paris, 1993, p. 424.
- Daix, p. 30.
- Eluard, p. LXI.
- Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 194.
- Lettre du 29 juillet. Breton, OC tome 1, p. XXXVII.
- Daix, p. 29.
- Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, Éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996 (ISBN 978-2-02-024588-3), p. 46.
- Photographie de la marionnette dans L'Œil no 613, mai 2009, p. 58.
- Le Bon, p. 930.
- Daix, p. 62.
- Breton, OC tome 1, p. XXXVIII.
- Marc Dachy, Dada, la Révolte de l'art, Gallimard, 2005, p. 46.
- Daix, p. 31.
- Daix, p. 32.
- Cette période sera évoquée, quarante ans plus tard, dans son poème Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
- Vaché, p. 45.
- Breton, OC tome 1, p. XX.
- Daix, p. 99.
- Artpress, janvier 2007.
- Vaché, p. 48.
- Daix, p. 42.
- Dachy, p. 75.
- Serge Lemoine, Dada, Hazan, Paris, 1991-2005, p. 73.
- Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 71.
- Témoignage de Marcel Janco en 1982 reproduit dans Dachy, p. 33.
- Dachy, p. 194.
- Agnès Angliviel de la Beaumelle, Yves Tanguy, Centre Pompidou, Paris, 1982, p. 168.
- Le Bon, p. 112.
- Lemoine, p. 19.
- 78 × 94 cm. Centre Pompidou, Paris (œuvre acquise en 2009). Reproduction dans Le Surréalisme 1922-1942, catalogue de l'exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris, 1972, p. 59.
- Tableau exposé au MoMa (Museum of Modern Art) de New York|url=https://www.moma.org/collection/works/79378
- « Cet œuvre constitue son adieu à la peinture sur toile ». Description et commentaire dans Alexandrian, p. 36.
- Le Bon, p. 467.
- Philadelphia Museum of Art
- 20,3 × 27,3 cm. Israël museum, Jérusalem. Reproduction dans Dachy, p. 178.
- 140 × 110 cm. Staatsgalerie, Stuttgart. Reproduction dans Lemoine, p. 42.
- Le Bon, p. 260.
- Lemoine, p. 30.
- 32 × 15 cm. Musée départemental d'art contemporain, Rochechouart. Reproduction dans Dachy, p. 474.
- Collection Silvio Perlstein, Garches. Reproduction dans Dachy, p. 21.
- 60 × 70 cm. Reproduction dans Connaissance des arts no 662, juillet-août 2008, p. 62.
- Cité dans Alexandrian, p. 41.
- Collection Mme Henry, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 39.
- 62,8 × 45,6 cm. Centre Pompidou, Paris. Reproduction dans L'Œil no 683, octobre 2015, p. 75.
- Reproduction dans Lemoine, p. 30.
- 100 × 81 cm. Collection particulière. Reproduction dans Lemoine, p. 82.
- Reproduction dans Lemoine, p. 25.
- Reproduction dans Lemoine, p. 18.
- Photographie des marionnettes dans Dachy, p. 44.
- Reproduction dans Le Bon, p. 927 et Lemoine, p. 22.
Article connexe
- Portail du dadaïsme et du surréalisme
- Portail de l’histoire de l’art
- Portail de la littérature
- Portail de la peinture
- Portail des années 1910
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons – Attribution – Partage à l’identique. Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.